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Black Book Éditions, le site de référence des jeux de rôle

[instructif] De la situation des auteur.trice.s 113

Forums > Gnomes & liches

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Si tu télécharges illégalement ce n'est pas parce que tu as besoin d'un truc que tu ne peux pas payer, c'est parce que tu as envie d'un truc que tu ne veux pas payer.

Je suis en phase avec ça.

Et c'est pour ça que je ne pirate jamais. Je me le paye ou je m'en passe. Il y a effectivement beaucoup de "gratuit" de toute façon. Et en jdr, rien n'empêche un "vieux routard" de créer lui même. C'est ainsi que naissent certaines vocations aussi content

Maintenant, pour les auteurs :

Si un auteur se fait payer pour ce qu'il produit. Et qu'un autre auteur, dans le même style (disons deux auteurs de jdr ou de romans policiers) lui ne se fait pas payer. Est-ce que la personne qui ne se fait pas payer, qui délivre gratuitement ce qu'il fait, provoque un manque à gagner pour l'auteur qui cherche à en vivre au travers d'oeuvres payantes ?

Mettre toutes ses oeuvres en ligne gratuitement... Est-ce de la concurrence déloyale ? Le consensus dans ce fil de discussion semble être que "chacun fait ce qu'il veut", en tant qu'Auteur, mais j'ai déjà vu des débats où par exemple, des illustrateurs reprochaient à d'autres de travailler gratuitement et de casser le marché... Qu'en pensez-vous ?

Et si je travailles gratuitement (bénévolement) pour une maison d'édition qui fait des livres payants, juste parce que j'ai un autre métier à coté et que ce que je retire de ma production c'est la fierté d'avoir mon nom dans le bouquin et pas des euros, selon vous c'est acceptable ou je suis un salaud qui prend le boulot d'un autre qui voudrait (pourrait) en vivre ?

Merci

(c'est histoire d'alimenter le débat et de connaitre les avis, je sais bien qu'il n'y a pas forcément qu'une vérité et que la situation est complexe - je parle de comment c'est perçu selon vous, et pour vous)

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  • Spark5262
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C'est une question hyper compliquée en fait et qui n'a probablement pas de réponse...

Dans le cas super simple de "j'aide un ami à faire quelque chose de non pro" ben... à mon avis c'est pas un problème.

Dans le cas des auteurs/illustrateurs/autres métier du même genre, y'a une culture du gratuit qui fait que c'est normal de demander gratuitement une illu, gratuitement un petit pitch, gratuitement un machin, pas grand-chose, mais toujours gratuitement. Pour la majorité des gens c'est normal, après tout... c'est pas comme un boulanger avec une miche de pain physique quoi et s'il veut pas il a cas dire non... ouais mais voilà, les mêmes personnes demanderaient pas à un boulanger s'ils peuvent avoir le pain gratuit (ni même s'ils ne peuvent payer que la matière première si on veut enlever l'aspect "y'a moins de couts" qui n'est pas si vrais avec le matériel nécessaire).

Outre le fait de savoir si c'est de la concurrence déloyale, de faire ce genre de chose alimente l'idée que c'est normal de demander. Après tout, si l'éditeur a pu te demander à toi de le faire et que tu t'en fous parce que t'as ton nom dans le livre et un métier... pourquoi il pourrait pas demander à un autre? après tout.... il a aussi un métier à côté.

Fondamentalement, de mon point de vue il n'y a pas de souci à faire quelque chose par plaisir, ça ne devrait pas être un problème si c'est ton souhait à toi. Malheureusement dans les domaines artistiques, il y a une tel logique de "tout est gratuit" et une telle difficulté à en vivre que de faire cela implique deux choses. Premièrement ça alimente cette logique et ensuite, une autre personne qui n'a pas de travail à côté et qui cherche ne pourra pas faire son travail contre rémunération (bah oui, le gratuit est plus intéressant que le payant quoi... surtout si le payant en plus il sort tout juste d'école et n'a pas d'expérience). Ce ne serait pas un problème si le domaine allait bien et que la logique du gratuit était une exception... ça en est un quand c'est plutôt l'inverse.

C'est mon avis, juste mon avis, et peut être qu'il est complètement biaisé.

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Après tout, si l'éditeur a pu te demander à toi de le faire et que tu t'en fous parce que t'as ton nom dans le livre et un métier...

Plus généralement, je dirais que ce n'est pas toujours l'éditeur qui demande. Parfois c'est l'auteur qui propose de travailler gratuitement.

Soit pour se faire un nom, soit par copinage, ou soit parce qu'au fond, ce qu'il veut c'est que son idée, son concept devienne une réalité (un jeu, un film, une bédé) pour qu'un maximum de gens puissent le voir. Il fait ça "pour la gloire" et pas "pour l'argent" (surtout s'il a un très bon métier à coté et pas de soucis d'argent).

J'ai l'impression que beaucoup de professions artistiques sont remplis d'artistes qui ne cherchent pas à gagner de millions, ni même à en vivre, juste à être "publié". C'est pas déjà le rêve ça, être publié ? être reconnu ensuite ?

Je crois même que certains auteurs s'auto-publient et sont en fait "de leur poche" pour arriver à faire que le jeu existe. Ce qui tend sans doute à s'amenuiser avec les financements participatifs désormais, mais était une réalité il y a quelques années. Je suis presque sur d'avoir croisé des gens à la Cjdra qui s'étaient endettés pour publier des bouquins.

Du coup je comprends que ça complique énormément la situation de ceux qui veulent en vivre.

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Est-ce que la personne qui ne se fait pas payer, qui délivre gratuitement ce qu'il fait, provoque un manque à gagner pour l'auteur qui cherche à en vivre au travers d'oeuvres payantes ?

Non. Enfin...

Si un auteur bosse gratis et délivre gratuitement le truc en mise à dispo libre, non, c'est son choix. Et comme tout choix (comme celui de faire payer), il se respecte.

Par contre créer un truc sans demander rémunération et laisser un éditeur le produire et le vendre, là, c'est... un choix personnel mais qu'on peut discuter et qui tient à l'idée de casser le marché.

Mais sinon, laisser les gens accéder librement à son propre boulot si on en a l'envie est un choix qui se respecte complètement.

Et si je travailles gratuitement (bénévolement) pour une maison d'édition qui fait des livres payants, juste parce que j'ai un autre métier à coté et que ce que je retire de ma production c'est la fierté d'avoir mon nom dans le bouquin et pas des euros, selon vous c'est acceptable ou je suis un salaud qui prend le boulot d'un autre qui voudrait (pourrait) en vivre ?

Je ne dirais pas que tu es un salaud. Par contre, je dirais que tu concourres à casser le marcher puisque normalement l'éditeur aurait dû engager un pro - donc payer quelqu'un (toi peut-être, d'ailleurs). A moins que l'éditeur lui-même soit bénévole et ne se rémunère ni ne rémunère personne, vendant son livre à prix coûtant.

Pour moi, dès qu'on rentre dans une relation commerciale, ça devient une problématique à laquelle il faut réfléchir.

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non c'est pas du bénévolat c'est dans mon contrat....et oui je l'ai accepté.

SmirnovV

On fait tous des compromis qu'on accepte. Mais ta situation ne légitime pas le reste. Toi, tu as eu un contrat, tu a accepté le fait que ton employeur ne te rémunérerais pas ces deux heures. Quelqu'un d'autre aurait pu le refuser et l'empoyeur n'aurait pas pu dire "ben fais le quand même gars".

Un auteur, s'il n'accepte pas qu'on profite gratuitement de son travail, il a le droit d'exiger que ça n'arrive pas.

Plus largement, tu prends l'exemple du foot. Mais c'est à la fois un excellent et un mauvais exemple.

Les joueurs de foot payés des millions ne sont pas légion. Plus largement les joueurs de foot pro non plus. Ok on est d'accord. Mais hors de ces joueurs de foot, aucun autre joueur, même amateur, n'est le fond financier (c'est à dire ceux qui créent le spectacle et l'engouement qui font qu'on va voir les match, acheter des abonnements, etc) des clubs. Les joueurs amateurs sont des clients, mais pas des "ouvriers". Les ouvriers des clubs, ce sont les joueurs pros. Les places sont rares, on rémunère cher....

Dans l'édition, ou dans l'artistique en général, ceux qui créent la richesse, ce que les gens achètent, écoutent, regardent, ce sont les artiste. En l'occurrence dans le livre, c'est l'auteur. Il est la matière première. Sans lui, les éditeurs n'existent pas, ils n'ont pas d'activité, point barre. Il est le joueur de foot, même remplaçant, du PSG, et le PSG, c'est l'éditeur.

Il ne s'agit pas de dire "tous les gens qui veulent devenir auteur doivent pouvoir directement vivre de ça" mais "quand t'es édité, donc que tu es le fond de commerce d'un éditeur qui en général dans l'édition classique gagne pas trop mal sa vie, tu devrais pouvoir gagner ta vie correctement."

En gros : quand tu effectues un travail, tu devrais pouvoir être rémunéré correctement pour ce dernier.

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  • SmirnovV5312
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Dans le secteur privé, il est de plus en plus courant, surtout quand on engage des "freelance", des travailleurs indépendants, de leur faire produire gratuitement quelque chose pour "prouver qu'ils savent faire". N'est ce pas l'équivalent dans le monde artistique que d'avoir quelqu'un qui va produire pour se faire un nom ?

Et si ce que je veux c'est avant tout être publié, pas en tirer profit, je peux livrer mon travail de manière totalement gratuite c'est vrai. Mais est-ce que ma production ne va pas garder, tant qu'elle est gratuite, cette étiquette de jeu "amateur et gratuit", par opposition à du travail "professionnel" ? Est-ce que "pro" ça veut dire "de qualité" ou juste "en se faisant payer" ? Dans la tête du public, ça change quelque chose ? Et du coup dans la tête de l'artiste et de la propre estime qu'il a de son travail, et de la reconnaissance de son "oeuvre" ?

Avec l'artistique, ce qui est compliqué, c'est qu'on est pas que sur du commercial. On est aussi à mon avis sur de l'affectif. Les mondes que l'on crée, on les aimes. Ce sont nos bébés, on y met nos tripes. Le "retour" qu'on a à leur sujet, la perception qu'en ont ceux qui y jouent, c'est important non ?

Sans parler du fait que pour un auteur même bénévole, l'accès à de l'édition professionnelle, et de l'illustration payante, c'est le moyen d'avoir un livre de meilleure qualité. L'éditeur fait payer le livre parce qu'il paye le maquettiste, les illustrateurs et l'auteur lui peut être bénévole parce qu'il veut que son univers prenne forme, et que cette forme ai une allure "pro". Peut-être que quand il aura fait deux jeux de ce type, il pourra prétendre à se faire rémunérer car c'est l'éditeur qui viendra la chercher si c'est un succès. Mais en attendant d'être connu (et reconnu)... comment faire autrement ?

A quoi servirait d'écrire des romans si personne ne les lit, des jdr si personne n'y joues ? Ai-je la même fierté si j'ai mon roman sur une étagère de toutes les bonnes boutiques, ou si je l'ai publié en ligne sur mon blog ? Et est-ce que je touches autant de public ? Est-ce que je m'assois parmi mes pairs comme leur égal ou comme un amateur ?

La reconnaissance, le plaisir qu'on prend à bosser dans un domaine, ça n'est pas (et heureusement) que l'argent... Du coup, c'est compliqué.

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jtrthehobbit

Concurence entre le gratuit et le payant ? Si on regarde et compare les productions en verra qu'il y a bien souvent une différence sinon de qualité, de finition. Effectivement pour demander une rémunération il faut pouvoir y prétendre et ceux qui s'y engagent sont souvent ceux qui s'y preparent corps et âme depuis bien longtemps.

Jim Lee met 20 mn à dessiner l'esquisse d'un Batman sur lequel un amateur doué passerait 2 jours. Mais l'un a travaillé sa technique depuis 30 ans, l'autre quand il en avait l'envi ou le temps. Je peux vous le sortir pour les musciens, les arrangeurs, scénaristes... Et puis il y a les amateurs laborieux qui le restent car ils n'ont pas de public donc toujours pas question de concurence ici.

Il n'y a rien de dénigrant vis à vis du gratuit ou de l'amateur. Il y a de la porositié entre ces "deux mondes" avec un passage de l'un vers l'autre, mais pas de concurrence selon ma perception.

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Dans le secteur privé, il est de plus en plus courant, surtout quand on engage des "freelance", des travailleurs indépendants, de leur faire produire gratuitement quelque chose pour "prouver qu'ils savent faire". N'est ce pas l'équivalent dans le monde artistique que d'avoir quelqu'un qui va produire pour se faire un nom ?

C'est la pratique à bannir et l'excuse pour tous les abus. Assure moi une prestation gratuite ça te fera de la pub. Je vais demander à mon maçon débutant de refaire gratuitement mon mur extérieur et en echange je laisserai sa pancarte affichée dessus pandant 6 mois. Non ? Alors pourquoi le permettre pour les artistes ? On retrouve le souci de la place et perception des artistes dans notre monde, la Cigale et la Fourmis...

Avec l'artistique, ce qui est compliqué, c'est qu'on est pas que sur du commercial.

Ben si ! Pour en revenir à l'abus cité plus haut le raisonnement est simple : tu as besoin pour tes affaires de mes compétences ? Tu me paies ! Les artistes pro sont des travailleurs comme les autres. Le "je te fais bosser pour te rendre service et parce que je t'aime bien et donc sois heureux si je pense à te payer" est inacceptable quel que soit le milieu.

Ici on parle des artistes professionnels, d'un marché, par de la création artistique.

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C'est la pratique à bannir et l'excuse pour tous les abus. Assure moi une prestation gratuite ça te fera de la pub. Je vais demander à mon maçon débutant de refaire gratuitement mon mur extérieur et en echange je laisserai sa pancarte affichée dessus pandant 6 mois. Non ? Alors pourquoi le permettre pour les artistes ? On retrouve le souci de la place et perception des artistes dans notre monde, la Cigale et la Fourmis...

Ben là, la pratique que je dénonce ne concerne pas (que) les artistes. Quand je parle de "privé" je parle de l'industrie notamment. Les freelance, en général, même informaticiens par exemple, c'est de plus en plus courant d'avoir des situations où on leur dit "vient bosser une journée ou deux pour moi, si tu fais l'affaire je verrais à t'engager". On parle d'entretien, d'essai ou autre pour justifier qu'en fait tu produit quelque chose. Voir même, on en fait venir quatre, on leur donne le même truc à faire, et on garde le meilleur. C'est horrible, je sais... mais ça dépend surtout des périodes, et de la quantité de demande par rapport à l'offre. Aujourd'hui, même "entre entreprises" ça se fait : il y a de très grosses boites qui avant d'engager un fournisseur demandent du "try and buy", autrement dit, file moi ton produit gratuitement, je l'essaye et si ça me plait je l'achète. Quand ce "try and buy" se fait sur un projet informatique énorme, cela peut correspondre à des mois-hommes de cadeaux. Comme le concurrent le fait, tu es obligé de le faire aussi, et ainsi la spirale descendante commence...

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  • Elkebeth
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tu as besoin pour tes affaires de mes compétences ? Tu me paies !

Mais si ce n'est pas l'éditeur qui a besoin des compétences de l'artiste pour ses affaires, mais l'artiste qui a besoin d'un éditeur pour se faire connaitre ? La frontière est mince, surtout si l'artiste est débutant.

En formule 1 il y a des concurrents qu'on paie pour piloter et d'autres qui paient pour rouler...

L'éditeur prendra t'il le risque de publier quelqu'un de totalement inconnu ? sur la base de quoi ? de travail bénévole réalisé avant ? de publications amateurs réalisées avant ? et on a parlé ici que d'être rémunéré pour un travail ponctuel (à la pige sans doute ?) mais on peut aussi parler de droits sur les ventes. Dans ce cas, je bosse gratuit au départ sur la phase de production de l'oeuvre et si je suis rémunéré d'un pourcentage si ça se vend, ce n'est plus gratuit, et ce n'est plus déloyal pour les autres auteurs ?

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  • Spark5262
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jtrthehobbit

C'est un des sujets de débat et de l'article. Historiquement le métier d'éditeurs (littéraires ou musical) était un métier basé sur la prise de risque justement. Ils pariaient sur des artistes en assurant des avances, en assumant les coups de productions, distribution, promotion etc... Au delà de bénéfices, les locomotives servaient à compenser les pertes de départ pour lancer des artistes ou les échecs défintifs.

Le modèle a changé au profit d'artiste conçus à partir d'études de marché, du spectacle et de l'éclat pour une rentabilité à court terme. Mais ce modèle s'épuise également et les éditeurs, producteurs ont tendance à aller chercher ceux qui bourgeonnent par eux-même (via le Net entre-aute). Donc si ! Fondamentalement les éditeurs ont plus besoin des artistes que l'inverse même si on veut leur faire croire l'inverse. Il me semble que cet article accompagne un questionnement récurrent depuis 2-3 ans qui signale peut-être un réveil des acteurs concernés (à l'occasion apr exemple de la rémunération des auteurs lors des salons littéraires). ça ne passera, à terme, pas comme le monde des affaires le souhaite. Par contre en période intermédiiaire il va y avoir de la souffrance et de l'appauvrissement (dans tous les sens du terme).

Enfin je dis ça en croisant les doigts et en regardant ma boule de cristale truquée.

Ce qu'il ya de triste dans tout ça c'est le niveau d'exigeance du grand public qui baisse vis à vis de ce qu'on lui propose ... Il y a un lien de cause à effet pour moi.

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Dans le secteur privé, il est de plus en plus courant, surtout quand on engage des "freelance", des travailleurs indépendants, de leur faire produire gratuitement quelque chose pour "prouver qu'ils savent faire". N'est ce pas l'équivalent dans le monde artistique que d'avoir quelqu'un qui va produire pour se faire un nom ?

Ca reste toujours des choix personnels. En tant que comédiens on accepte de jouer dans des courts métrages pour se faire la main et rencontrer du monde, et aussi pour porter des projets cools. Un illustrateur peut produire du contenu et le montrer en se faisant un portfolio à montrer, etc. Mais le truc du "fais quelque chose pour moi gratuitement pour voir", je trouve ça un peu gros. En général c'est plutôt "montre moi ce que tu as déjà fait".

Et si ce que je veux c'est avant tout être publié, pas en tirer profit, je peux livrer mon travail de manière totalement gratuite c'est vrai. Mais est-ce que ma production ne va pas garder, tant qu'elle est gratuite, cette étiquette de jeu "amateur et gratuit", par opposition à du travail "professionnel" ? Est-ce que "pro" ça veut dire "de qualité" ou juste "en se faisant payer" ? Dans la tête du public, ça change quelque chose ? Et du coup dans la tête de l'artiste et de la propre estime qu'il a de son travail, et de la reconnaissance de son "oeuvre" ?

Dans la tête de beaucoup de gens du public c'est surtout la différence entre "imprimé et vendu en boutique" et "distribué en pdf sur le net". Maintenant, la différence entre amateur et pro c'est la rémunération et l'aspect payant du produit. Il existe des amateurs géniaux et des professionnels exécrables. (mais on est en droit d'être plus exigeant avec un professionnel dont c'est le métier à plein temps qu'envers un amateur qui fait ça sur son temps libre et n'en tire pas de profit)

AMTHA, tout ça tout ça.

Avec l'artistique, ce qui est compliqué, c'est qu'on est pas que sur du commercial. On est aussi à mon avis sur de l'affectif. Les mondes que l'on crée, on les aimes. Ce sont nos bébés, on y met nos tripes. Le "retour" qu'on a à leur sujet, la perception qu'en ont ceux qui y jouent, c'est important non ?

Je suis toujours content quand on me fait des retours. Mais, et d'autant plus en JDR qui est du matériel destiné à être utilisé et transformé, pour moi le bébé est parti de la maison et a pris son appartement quand il est sorti en boutique. Les gens en font ce qu'ils veulent, l'adaptent, le changent, ignorent des trucs, en rajoutent d'autre, et c'est (pour moi) normal.

Sans parler du fait que pour un auteur même bénévole, l'accès à de l'édition professionnelle, et de l'illustration payante, c'est le moyen d'avoir un livre de meilleure qualité. L'éditeur fait payer le livre parce qu'il paye le maquettiste, les illustrateurs et l'auteur lui peut être bénévole parce qu'il veut que son univers prenne forme, et que cette forme ai une allure "pro".

Il n'y a aucune raison légitime à ce qu'un éditeur paie un maquettiste et un illustrateur mais pas un auteur sur un même produit. Aucune.

Mais en attendant d'être connu (et reconnu)... comment faire autrement ?

Contacter un autre éditeur. Je suis désolé, mais si un éditeur te dit "oui, bon, tu n'as jamais édité de livre alors on va payer tout le monde sauf toi", c'est qu'il est légèrement malhonnête. S'il veut éditer ton livre (parce que s'il l'édite c'est qu'il veut le faire) et payer des gens pour bosser dessus, il est normal qu'il paie l'auteur.

La reconnaissance, le plaisir qu'on prend à bosser dans un domaine, ça n'est pas (et heureusement) que l'argent... Du coup, c'est compliqué.

jtrthehobbit

Après 20 ans de métier, je peux te dire que, sans minimiser la reconnaissance du public, je me sens bien plus reconnu aujourd'hui parce qu'on me paie bien qu'à l'époque où on me reconnaissait parfois parce que ma tête était passée à la télé en me disant que c'était super et que j'étais au RSA. Mais réellement. Bien sûr que j'apprécie que l'on me dise que je fais du bon travail ou qu'on me dise qu'on l'utilise, mais quand tu galères, ça te fait une belle jambe.

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L'éditeur prendra t'il le risque de publier quelqu'un de totalement inconnu ?

Le crowdfunding répond quand même beaucoup à cette problématique... Avant d'engager trop de moyen, tu sais si le projet a déjà un nombre d'achat ou non... En plus, t'as déjà reçus des fonds, donc pas besoin de sortir massivement de cache... Je vois mal le risque de l'éditeur à "engager" un auteur peu connu dans ces conditions...

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jtrthehobbit

(Hors sujet) Je suis ouvrier, je travail dans l'industrie. Le patron qui me demande de travailler gratuitement, juste pour faire un essai, il peut aller se gratter. Et dans ma branche bonne chance à lui pour trouver quelqu'un d'autre...

(Dans le sujet) Mon salaire n'est pas ma seule source de revenu, mais il ne me viendrait pas à l'idée de travailler gratis.

Auteurs je vous approuve.

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Il faut aussi noter que l'asymétrie n'est pas uniquement le fait des éditeurs, mais aussi du cricuit global qui fait que plus on est au départ de la chaine, moins on touche sur le prix final. C'est un rééquilibrage global qu'il est nécessaire d'apporter pour être un peu plus juste.

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On appelle ça du bénévolat. Comme tu le dis tu l’acceptes.

Judge Ju

Pour rebondir sur ce point, qui me semble intéressant, lié à la problématique des auteur(e)s tout en étant bien plus général, je trouve anormal, de mon côté, l'importance qu'a pris le bénévolat pour le fonctionnement d'un tas de choses, y compris des entreprises privées qui font des bénéfices, ou des organisations qui ont une multitude de bénévoles tout en manipulant un fric de dingue. Je pense qu'il y a un sérieux problème de répartition de la richesse, et je ne serais pas surpris que ce soit un facteur dans ce que vivent les artistes aujourd'hui, et d'acceptation de ce que doit être un travail rémunéré ou pas.

Je pourrais accepter une telle culture du bénévolat dans une société qui aurait en parallèle un truc comme le revenu universel. Mais venir couper tous les filets sociaux de sécurité tout en ayant une société civile qui ne survit que grâce au bénévolat ou presque, là, il y a anguille sous roche.

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Histoire d'illustrer, voici un exercice noté qu'un de mes collègues donne à nos élèves:

"Réalisez une animation graphique sur le thème du travail spéculatif."

Exemple 1

Exemple 2

C'est ce que nous appellons la pédagogie double clin d'oeil

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  • Judge Ju
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SmirnovV5312

désolé mais ne conaissant rien au football pourrais tu m'eclaircir ces points:

C'est quoi une prime déguise dans le foot?

match de foot DRH?

Et c'est quoi une équipe fanion?

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  • SmirnovV5312
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Sauriak

Dans le secteur privé, il est de plus en plus courant, surtout quand on engage des "freelance", des travailleurs indépendants, de leur faire produire gratuitement quelque chose pour "prouver qu'ils savent faire". N'est ce pas l'équivalent dans le monde artistique que d'avoir quelqu'un qui va produire pour se faire un nom ?

Mais est ce que ces pratiques sont acceptables ? Tout comme celles de prendre des stagiaires sans les rémunérer parce qu'en contrepartie on leur fournit une "expérience" qu'ils pourront valoriser ? Il y a dans ces pratiques une hypocrisie absolue. Alors oui, on peut moduler la rémunération par rapport à l'expérience de la personne que l'on a en face, mais demander de travailler gratuitement, je trouve çà honteux et inadmissible.

D'ailleurs on voit une tendance à la dérégularisation du travail qui me semble très dangereuse. Le statut d'auto-entrepreneur en est le parfait exemple. Alors que ce statut peut se justifier car il permet de se lancer en tant qu'indépendant (et encore...), il est aujourd'hui utilisé à tout va par les entreprises car cela permet de ne pas embaucher. En plus du fait des cotisations moindres et de non paiement de la TVA, on peut payer moins cher. Enfin, étant donné qu'on est en fasse d'un individu "seul", il est tellement simple pour une entreprise de négocier vers le bas et vers le moins disant. Demander aux VTC et aux livreurs de repas ce qu'ils en pensent... Au final à quoi cela sert que certains se soient battus pour qu'il y ait un SMIC ???

J'ai aussi des exemples concrets d'abus qui me hérissent le poil :

- Un éditeur de jeu de société qui exploite une carte faite par un fan d'un de leur jeu. Carte qui était vraiment beaucoup mieux que l'originale. L'éditeur l'a publié, et n'a pas rémunéré son auteur, ce dernier ayant accepté de ne pas être payé. Tout çà pour voir le responsable de l'éditeur se gargariser dans une vidéo en soulignant le fait que bien qu'ils n'aient rien payé, cela avait permis à l'auteur de se faire connaître et d'avoir son nom dans les crédits ! Je trouve çà tout bonnement dégueulasse. Dans la mesure où tu exploites commercialement un travail et que cela te fait gagner de l'argent, comment moralement est il possible de ne pas rémunérer celui qui t'a permis de gagner de l'argent ??? Cela montre le manque de scrupules malsain qui anime certaines personnes, et les valeurs qu'ils véhiculent.

- L'illustrateur de notre jeu que l'on a rémunéré, nous, alors qu'on partait de zéro et que l'on venait de créer une société d'édition pour éditer notre jeu de société. Pour se faire, j'y aie mis de ma poche, malgré une campagne de financement participatif réussie. Alors oui, on a négocié un fixe un peu plus bas (moitié du prix normal), et un variable si cela fonctionnait car on se lançait. Mais si on avait voulu, étant donné qu'il commençait dans le métier, on aurait pu négocier beaucoup moins ! D'ailleurs, il s'est fait tout simplement rouler dans la farine par un éditeur américain qui lui a fait signé un contrat honteux... Alors oui il l'a accepté, mais bon vous comprenez, il a besoin de se faire un nom, et cela peut lui permettre de pénétrer le marché américain. Pourtant il a fait un boulot de malade sur ce jeu, il a été financé via Kickstarter, et comble du comble un an après le KS il n'a toujours rien touché car le jeu n'est pas encore imprimé... Alors oui, il n'a pas bien négocié, mais comment est il possible aussi que des éditeurs professionnels "profitent" d'une situation pour se faire de l'argent sur son dos ?

Tout cela pour montrer qu'il y aujourd'hui des dérives préoccupantes où celui qui paye c'est le maillon faible qui se trouve souvent tout en bas de l'échelle.

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  • Tiramisu Rex
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Judge Ju

Tout à fait d'accord autre tendance la période d'essai de plus en plus utilisé comme un intérim court déguisé.

Autres questions sur la rémunération des oeuvres qu'en es t il de celle du domaine public. Le téléchargement est il légale ou non?

Qu'en es t il des étudiants qui ont besoin d'un livre spécifique et que celui- ci n'est ni en vente ni en vente en PDF. Si un étudiant le trouve en téléchargement peut il le téléchargé? J'ai finis mes études il y a longtemps mais je me souviens avoir eu un livre sur la taxation du blé au 17 eme siécle. Je l'ai cherhé partout en vain. Au final un prof me la confié pour que je le copie en partie. La photocopieuse était elle le téléchargement de l'époque?