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Black Book Éditions, le site de référence des jeux de rôle

Terres Ancestrales 14

Forums > Jeux de rôle > JdR Black Book > Würm

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Bonjour,

Je suis en train de finir la lecture de Terres Ancestrales (la partie dédiée au cadre de jeu) et j'avais envie de discuter un peu dessus.

Pour commencer, chapeau pour le boulot, c'est assez génial d'avoir un cadre de jeu paléolithique avec autant d'inspiration et surtout toutes ces illustrations de toute beauté. J'ai été surpris par le nombre de tribus décrites. Le cadre de jeu est vraiment crédible et cohérent, et ça donne vraiment envie d'aller l'explorer.

Je suis vraimen épaté aussi par le niveau de recherche sur la crédibilité (pré) historique. Je m'intéresse pas mal au sujet depuis peu (c'est pour ça que Würm m'a plu) et y a pas mal de petites références ou de choix d'enjeux qui, il me semble, reflètent certaines données archéologiques (les totems par exemple... on ignore si les cultures aurignaciennes avaient une culture totémique, mais on remarque que les animaux consommés sont rarement ceux qui servent pour la parure ou au niveau symbolique... tabou alimentaire?).

Et puis comme je prend des jeux de rôle autant pour le jeu que pour la lecture (et la découverte des univers qui vont avec) j'apprécie énormément qu'on me propose ainsi des cadres de jeux.

Plusieurs points m'ont interpellé:

- Il y a beaucoup de conflits. On a l'impression que beaucoup de tribus sont en guerre les unes par rapport aux autres (et notamment que les hommes longs sont assez méprisants voir hostiles par rapport aux hommes ours). C'est quelque chose que j'aurai certainement tendance à nuancer dans la mise en scène des Terres Ancestrales. Je comprend bien l'idée de donner des enjeux pour des parties. Mais justement quand j'ai découvert Würm, j'ai eu dans l'idée de faire jouer à un jeu dont les scénarios ne se concentraient pas sur les conflits entre humains.

- Pourquoi les Gravettiens sont des méchants??? Bon, j'avoue, j'ai un faible pour la culture gravettienne. Et j'ai été fort surpris de voir qu'ils ont été intégré dans les Terres Ancestrales comme des envahisseurs violents, chasseurs sans scrupules, esclavagistes, anthropophages, limite génocidaires (clan du Dauphin, tribus hommes ours), surtout dans un cadre où on a aucune preuve de ce genre de comportement d'un point de vue historique (et c'est ce qui me plait dans Würm: jouer à un jeu où les relations humaines sont différentes et pas à la GOT (où tout le monde est un enf.... ou presque). C'est aussi quelque chose que je changerai je pense, soit en intégrant une tribu gravettienne de mon invention plus paisible, soit en changeant celles qui sont présentées (mais bon, j'imagine qu'elles vont être au centre d'enjeux de campagnes et de scénar à l'avenir vu l'importance qu'elles ont dans le cadre du jeu...). Pour les autres cultures, j'ai trouvé qu'on avait les deux: des tribus plutôt agressives et violentes, et des tribus plus "cool".

- Les Totems: là c'est plus une question: chaque tribu des totems ayant un esprit animal lié. Mais du coup, les esprit tutélaires des individus peuvent être ceux de tribus adverses? Comment vous voyez ça? (perso j'ai déjà des idées de scénar "diplomatiques" basés sur les esprits animaux des PJ pour aller négocier voir faire la paix avec des tribus ayant le même esprit tutélaire).

- Je sais que l'auteur ne souhaitais pas donner un cadre très précis, notamment des noms de personnages. Cependant, j'aurais aimé avoir d'avantage de lieux précis décrits. C'est la seule chose qui manque vraiment je trouve: des lieux de campements principaux, de sites sacrés (y a quelques allusions très légères à la grotte Chauvet qui est pile poile dans la période). Plus généralement, aura-t-on d'avantage de descriptions des Terres Ancestrales à l'avenir? Des "zoom" sur certaines régions ou tribus dans des suppléments? Je sais que ce n'est pas très à la mode, mais perso ça me plairait beaucoup (je n'ai malheureusement pas le temps de concevoir un cadre de jeu précis même si c'est pas l'envie qui m'en manque, et comme je le disais, j'apprécie beaucoup les bouquins de JDR juste pour le plaisir de la lecture et de l'immersion dans un univers).

Bref, et vous Terres ancestrales, ça vous évoque quoi? vous allez utiliser ce cadre de campagne?

Ce message a reçu 1 réponse de
  • Manu Roudier
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Salut Egill !

D'habitude je fais des pavés, je vais essayer de scinder mes réponses pour être plus bref... (Ou de ok étaler encore plus ;-9 )

Donc premier point, le nombre des conflits.

Les Terres Ancestrales sont décritesdans un "instant perpétuel"...

Tous y est décrit dans un même aperçu, un coup d'œil qui englobe tout.

Mais ce n'est pas nécessairement la réalité à l'instant T du début de ta campagne.

(D'ailleurs il y a des différences entre les clans décrits dans le setting et dans la campagne.)

Du coup un conflit décrit dans le setting peu avoir eu lieu il y a 20 génération ou être en gestation pour les générations futures.

C'est toi qui vois selon ce qui est dramatiquement pertinent.

Édit :

La V1 était beaucoup plus paisible les disparités et inégalités moins marquées et les rencontres entre communautés étaient à priori plus amicales.

C'était vraiment reposant et compatible pour les enfants, mais les ressorts dramatiques avaient moins de diversité peut être.

Pour ceux qui passent de la V1 à la V2, le changement d'ambiance est très nette !

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Je vais laisser en suspend la seconde question, pourtant liée à la première afin de passer à la troisième qui m'intéresse particulièrement.

Quid de la considération sociale des forces totémiques ?

Tu soulève la question d'un personnage ayant la force correspondant à l'esprit tutélaire d'un clan ennemis.

Je vois trois éléments.

1- Dans le monde il n'y a pas UN esprit du lion mais plusieurs. Le lien totémiques se fait en quelques sortes avec l'espèce, non avec un individu.

À contrario, un clan vénère et est lié à UN esprit particulier et seulement par ricochet et dans une moindre mesure respect les autres individus de l'espèce.

En cela, le clan peut être en mauvais terme avec le clan du Lion-blanc sans de se défier de ses propres membres partagent un lien avec le lion.

2- Le lien entre le perso et l'animal reflète aussi son caractère (ce n'est pas le mot idéal mais non...) caractère qui sera valorisé par le clan adverse.

Cela suffit-il à en faire le reproche à un de ses membres ?

(Genre on déteste le clan du bièvre et tu sais faire des superbes cabanes...)

3- Les forces de chaque personne ne sont pas forcément inscrites sur son front.

C'est un élément laisse flou dans le jeu.

On peut tout à fait considérer que seules les chamane connaissent les liens de chacun et que la révélation de ses propres liens est un élément important de l'initiation.

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Un nouveau point sur les conflits entre clans.

Il me semble aussi intéressant de varier les modes d'affrontements.

Nous avons l'habitude de ne considérer que des conflits armés et meurtrier.

Il y a d'autres modes qu'il est intéressant et riche de mettre en œuvre en jeu dans la mesure où l'on considère que les combats sanglants ne sont pas dans les mœurs :

- L'occupation des lieux de ressources. Le simple fait d'être présent sur un site empêche les autres d'y accéder.

- Le sabotage des parties de chasse. Faire fuir le gibier peut être aussi mortel pour le clan...

- La moquerie, venir à portée de voix du camp advers pour les insulter.

- Les malédictions par les chamanes.

- Combats rituels, combats non mortels.

- Défis d'exploits.

-Vol de trophées

...

Il y a vraiment beaucoup de possibilités bien plus riches qu'une situation de guerres classiques.

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Merci pour ces réponses développées content

1- Dans le monde il n'y a pas UN esprit du lion mais plusieurs. Le lien totémiques se fait en quelques sortes avec l'espèce, non avec un individu.

Ah ok... à la lecture, on avait vraiment l'impression, en particulier pour le lion qu'il y avait une entité bien particulière (la même qu'une des tribus Morvoï, Scifax? (me rappelle plus le nom exact).

En cela, le clan peut être en mauvais terme avec le clan du Lion-blanc sans de se défier de ses propres membres partagent un lien avec le lion.

J'avoue que c'est quelque chose qui m'a fait tiqué un peu au début à la lecture: que les tribus des totems "s'approprient" en quelque sorte un esprit animal au point de le caractériser... genre que forcémment, on ne va trouver que des gens se faisant des parures en bois de cerf (ou autre, c'est juste pour l'exemple) que dans le clan du cerf. Ca donne un peu cette impression même si évidemment, je comprend tes explications.

C'est même ancré mythologiquement dans le monde puisque les tribus des totems sont censées descendre directement de l'esprit animal en question (donc on imagine que ça a déteint sur leur caractère et leur culture... en fait, j'ai même du mal à imaginer qu'un membre des clans des totems n'ait pas la force correspondante, même si c'est bien écrit que c'est le cas).

Il me semble aussi intéressant de varier les modes d'affrontements.

Oui, j'y ai déjà pensé aussi. Notamment du fait que souvent chez les chasseurs ceuilleurs les conflits sont souvent ritualisés ou prennent des formes loin de ce qu'on imagine quand on pense à une "guerre" inter tribale (le fait de "marquer des coups" chez les indiens des plaines par exemple, il me semble que c'est d'ailleurs mentionné dans le bouquin de base).

Ca m'amène d'ailleurs à une autre chose qui m'a interpellé dans la descriptions des Terres Ancestrales: la présence de "chefs", parfois assez tyranniques (sans spoiler, j'ai commencé la lecture de la campagne du cygne noir, et des personnages de ce type sont impliqués... au passage, j'apprécie l'approche à priori plus nuancé des tribus gravettienne, même si pour l'instant ça reste quand même des gens assez détestables).

Je comprend ici aussi les ressorts dramatiques que cela permet (là où des sociétés plus égalitaires ne les permettent pas... il est moins facile d'avoir des antagonistes puissants et inquiétants quand de base la hiérarchisation sociale est faible) mais c'est aussi un point qui m'a étonné parce qu'en léger décalage avec ce qui est décrit dans le livre de base (ce qui est présenté dans ce dernier paraît plus en adéquation avec ce qu'on sait de l'époque).

Il me semble qu'il y est fait mention de Pierre Clastres (ou alors c'est quelque chose que j'ai entendu dans une interview ou un écrit autre d'E Roudier, je ne me souviens pas), référence qui m'a fort plu, qui avait notamment observé chez les chasseurs ceuilleur comment les rites et l'organisation de la société empêchent l'émmergeance d'un pouvoir fort, et même de toute forme d'"Etat".

C'est vraiment quelque chose à mettre en scène dans Wurm qui me plait, et ça m'a surpris que Terre Ancestrale ne joue pas plus là dessus (tout comme le faible nombre de conflits).

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Un p'tit message rapide pour écrire tout le bien que je pense de ce supplément. Si vous hésitez, n'hésitez plus ! Mention spéciale pour la campagne. Riche et variée, elle semble parfaitement adaptée pour découvrir l'univers. On en redemande !

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Oui ! Vivement la suite !

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Elle arrive, elle est dans les tuyaux !!!

Attention la suite est épique et va mettre les PJ à rude épreuve, tant physiquement que moralement ! (J'en dis pas plus pour le moment) moqueur

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Egill

Egill je réponds sur quelques point brièvement :

- Le cadre des Terres Ancestrales est volontairement un peu survolé d'abord parce que sinon ça rentrait pas, mais surtout parce qu'il est selon moi indispensable de laisser de la place aux MJ pour qu'ils s'approprient le cadre de saga. Si on décrit tout, si on fige dans le temps et dans l'espace tout le background, les MJ risquent d'avoir la sensation de devoir respecter une bible et, plutôt que d'être un support, le cadre peut devenir un carcan. C'est ce que j'ai voulu éviter.

Par ailleurs, et tu le verras bien avec les nouvelles sagas qui sortiront bientôt, de très nombreux lieux et communautés seront amplement détaillés dans le contexte des aventures. Et tu verras aussi qu'il ne faut pas hésiter à mettre des coups de pieds dans la fourmilière.

- Pourquoi les Gravettiens sont les méchants ? Je les adore, moi aussi, pourtant (surtout les pavloviens !). Mais si tu regardes la manière dont la culture gravettienne s'implante, on a vraiment l'impression qu'elle supplante tout ce qui était là auparavant, et de manière très homogène sur une immense distance. Quand on pense en plus que les Aurignaciens ont tout autant "disparu" de notre génome que les néandertaliens (à ce qu'il semblerait), je trouve que ça esquisse un tableau bien savoureux.

- Pour les conflits, si tu aimes Pierre Clastres tu as surement lu "Archéologie de la violence" et les "Chroniques des indiens Guayaki" ? Tu as vu que ça cogne quand même. Donc la sensation dans la V2 d'un univers moins pacifique que dans la V1 elle vient un peu de ma propre manière d'imaginer les sociétés préhistoriques qui a évolué avec mes recherches sur le sujet, mais, je l'avoue, surtout de la nécessité pour le cadre de saga des Terres Ancestrales de fournir un monde où on puisse facilement imaginer des conflits, qui sont la source de toute bonne histoire.

Au cas où tu ne l'aies pas vu, je te mets le lien vers cette passionnante intw de Christophe Darmangeat (encore un anthropologue marxiste ! content ), partagée sur le groupe fb de Würm par l'ami Gaëtan : "Sauvages. Guerre et inégalités à la préhistoire"

https://www.youtube.com/watch?v=Ee06Xim-qVo

Ce message a reçu 1 réponse de
  • Egill
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Manu Roudier

Vraiment désolé, je répond vraiment très en retard. Malheureusement, je n'ai plus pensé à surveiller ce sujet, et il m'était sorti de l'esprit. C'est d'autant plus dommage que c'est très intéressant.

- Je comprend cette idée d'un cadre "souple" qui ne contraint pas trop le MJ. Cependant, je suis peut-être plus amateur, en tant que client de livres de JDR, d'"univers" que de jeux en eux même. Les systèmes de règles, il en existe maintenant des centaines et des centaines, pour tous les goûts, tous les jeux... ceci dit j'ai adoré le système de règles de Wurm, en tous cas sur le papier, c'est exactement ce genre de choses que je cherche désormais: simple, efficace, et immersif.

Et c'est une réflexion générale que je me fais souvent sur les jeux de rôle. Je n'ai déjà pas le temps ni l'occasion (j'habite vraiment un trou paumé) de jouer. Ingurgiter des systèmes de règles est pour moi assez rébarbatif en général, et je suis bien plus client des JDR qui proposent des "contextes", même très détaillés (j'y reviens ci-dessous).

Je suis donc bien d'avantage un amateur de "background". Et faut bien avouer que sur la préhistoire, ce genre d'univers fictif (mais comment pourrait-il en être autrement sur cette période... déjà que ce n'est pas évident pour certaines périodes historiques ou proto historiques, je crains que notre vision de la Préhistoire ne soit toujours qu'une vision "fictive"), je n'en connais pas d'autres! Donc quand j'ai découvert le supplément "Terres Ancestrales", je n'ai pas hésité bien longtemps.

C'est pour cela que j'ai voulu en discuter. J'ai bien eu en tête la démarche de proposer un cadre, mais sans trop contraindre les MJ en lisant le livre. Ca n'empêche pas que ça a quelque peu attisé mon imagination à la lecture, et que je suis assez boulimique d'infos sur ce genre de cadres, de contexte/background.

Pour moi le fait qu'un background soit détaillé n'est pas forcémment un problème dans le sens où le MJ in fine fait bien ce qu'il veut. Il y a pour moi deux aspects dans un JDR tel que celui-ci, qui sont liés mais peuvent être vécus séparément: le plaisir du jeu, du récit, de l'échange d'une partie, mais aussi celui, plus solitaire, de la découverte d'un univers, d'une ambiance, d'un contexte. Ces deux aspects motivent au moins autant l'un que l'autre l'acquisition d'un bouquin de JDR pour moi, mais c'est peut-être que je joue peu.

- Je ne me suis intéressé au Paléolithique supérieur que depuis peu et j'avoue qu'il y a certainement des choses qui m'échappent dans l'état actuel de nos connaissances sur cette période. Mais ce qui m'a frappé, ayant bien d'avantage l'habitude des temps historiques, ce sont les échelles de temps sur lesquelles les phénomènes culturels (qui sont quasiment les seuls qu'on arrive à percevoir sur cette période) se déroulent.

On parle systématiquement de milliers d'années. C'est à dire de dizaines, voir de centaines de générations. Les datations même sont toujours incertaines de quelques milliers d'année. Une population génocidaire qui aurait eu comme dessein de remplacer une population déjà existente n'aurait pas mis autant de temps et on aurait constaté des ruptures brutales dans les cultures paléolithique (c'est peut-être le cas, c'est là dessus que je m'avoue assez ignorant encore... mais mes lectures m'ont vraiment donné l'impression qu'on cerne assez mal les transitions entre les grandes cultures du paléolithique (on les saisit bien quand elles sont à leur apogée, mais les transitions m'ont toujours parues floues), à débattre de l'appartenance de telle ou telle couche archéologique, de telle ou telle forme de taille du silex, à soupçonner l'existence d'un certain nombre de "sous cultures" ayant représentées ces transitions, avec des datation type "environs 28 000 BP +ou - 2000 ans (juste ce qui nous sépare d'Auguste...).

En outre, on a du mal à se rappeler (pour ma part en tous cas) que ces grandes cultures (aurignacien, gravettien...etc) ne sont que des repères scientifiques regroupant tout un tas de populations qui ne se sont jamais définies en tant que telles. Les phénomènes qui expliquent la généralisation d'une même culture, même rapide, peuvent être très divers, résulter d'échanges, d'acculturations liées à des modes, tout autant que de phénomènes violents.

Ce que nous percevons archéologiquement comme une même culture n'est peut-être qu'un vaste ensemble de populations éparses qui ont petit à petit adopté (durant les temps historiques, on constate que ce genre d'acculturation se fait en un siècle ou deux, voir quelques décennies, cf passage de la culture de Hallstatt à celle de la Tène pour les Celtes) des techniques, des formes artistiques....etc.

Et ce qui frappe avec le paléolithique supérieur, c'est tout de même la continuité artistique. Certes, les techniques de la taille des outils, de l'art de la parure, changent (et encore, à côté des bouleversements historiques, ce n'est pas grand chose). Mais à 15 000 ans d'écart environ (c'est trois fois l'ensemble des temps historiques... de ce qui nous sépare de l'unification de l'Egypte ancienne par le premier pharaon), les similitudes artistiques, dans les formes, les techniques, le registres, les thèmes, entre Chauvet et Lascaux sont quand même troublantes, et montrent qu'il y a une assez extraordinaire continuité culturelle durant la période.

Sans idéaliser, j'ai été assez surpris de voir que nombre de préhistorien sont très prudents sur le sujet de la violence et de la guerre au paléolithique.

Maintenant, oui, j'ai bien conscience de l'intérêt ludique d'avoir un antagoniste puissant et effrayant à présenter dans un cadre de JDR. Mais je trouve que ça aurait été sympa d'avoir une grande tribu de Gravettiens "un peu plus cools". Après, si un jour je joue à Wurm (j'espère, mais je manque de candidats potentiels) j'exclue pas d'en introduire une. J'ai pas mal aimé le fait qu'on ait des antagonistes potentiels venus de toutes les cultures (que ce soit parmis les totem, parmis les hommes ours...etc). Le fait que les Gravettiens soient présentés systématiquement comme des antagoniste m'a fait réagir. Mais je comprend l'idée.

- J'ai lu "Achéologie de la violence" il y a longtemps. Mon souvenir est flou mais il me semble que la guerre dans les sociétés primitives y est analysée comme quelque chose de nécessaire pour empêcher l'unification des sociétés primitives en Etat, et que la guerre était donc un mécanisme culturel inhérent à un type de société sans Etat et plus ou moins égalitaire (qui refuse la dissociation économique ou politique des individus qui la compose). En gros, c'est l'idée que la liberté sans la guerre (sans que les individus ne soient prêts en permanence à défendre cette liberté, et que les guerres entre tribus sont là pour empêcher l'évolution de la société vers un Etat, nécessaire pour assurer la cohérence d'une société composée de diverses entités hérérogènes) n'est pas possible. Cette conception de la guerre s'oppose donc à la guerre entre Etats, qui sont des guerres de domination et de conquête, qui peuvent amener à des phénomènes génocidaires.

Je crois que si je devais faire jouer à Wurm, j'essayerai de créer des scénarios plus pacifique que dans les autres jeux. Où la guerre est ritualisée, ponctuelle.

Merci pour le lien sinon, j'irai le regarder dès que possible.

J'en profite pour donner également un lien vers une conférence de M Pathou Mathys sur la guerre et la violence au paléolithique, dans laquelle elle interroge sur ce qui aurait pu provoquer une guerre au paléolithique. Quand on est à peine 20 000 sur un territoire grand comme l'Europe, très giboyeux, il y a au final peu de raisons de se faire la guerre (en cela c'est une situation bien différente des indiens d'Amazonie que P Clastres a étudié qui étaient beaucoup plus nombreux et déjà influencés par des sociétés complexes).

https://www.youtube.com/watch?v=EeTEcpaZ788

Désolé pour ce long message (c'est un sujet qui me passionne) et merci si vous avez éventuellement trouvé le temps de me lire.

Ce message a reçu 1 réponse de
  • Ithiliavas
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Egill

Sur la violance et ses raisons, sur la guerre et ses modalité il faut être assez prudent d'une part et s'autoriser à développer ce qui nous intéresse en jeu d'autre par.

Une guerre ou un affrontement, peut prendre bien des formes qui ne seront pas nécessairement sanglantes.

Humiliation, sabotage des parties de chasses, occupation d'un territoire peuvent affaiblir une communauté "ennemie" aussi surement que le meurtre organisé que sont devenu les guerres de l'époque historique.

Et en jeu, ces modalité d'affrontement sont au moins aussi intéressants que des affrontements sanglants puisqu'on a besoin que les PJ et leurs antagonistes soient encore là au scénario suivant...

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Pour ce qui est de la non-violance des populations primitives sous prétexte qu'elles disposeraient de beaucoup d'espace et de peu de ressources, j'avais lu un article traitant des populations du détroit de Bering.

(Peut-être en ai-je déjà parler ici, je ne sais plus...)

Ca commence à dater (1974) mais reste très intéressant à mon avis.

Je vous donne quelques citations de l'introduction :

Il est remarquable que l'historien et l'ethnologue, dans leurs exposés généraux, ignorent presque toujours les sociétés hyperboréennes, ce qui est d'autant plus fâcheux que ces dernières sont l'illustration vivante et unique de ce qui a été en Europe les trois quarts de notre histoire; elles permettent de saisir sur le vif des passages sociologiques fondamentaux : famille, clan, rang, classe.

...

Or toute la proto- et préhistoire récente des groupes humains de la Sibérie orientale, du détroit de Behring et de l'Alaska Nord, Centre et Sud occidental enseignent, bien au contraire, que très tôt, dès le paléolithique supérieur au moins, les groupes humains ont été en conflits meurtriers les uns avec les autres.

...

La peur était alors générale, En Koriak, l'étranger (Tonnyman) veut dire « l'ennemi ». En choutche, un Koriak est appelé «Listannuman» : «le vrai ennemi ». Il est de tradition en Tchoukotka littorale de tirer à vue sur tout étranger débarquant.

Et surtout :

La marqueterie linguistique, très tôt acquise en Alaska, est telle que les Esquimaux répartis en plus de 20 groupes incapables de se comprendre d'une ethnie à l'autre sont d'une extrême méfiance et s'entre-tuent aux confins de chacun de leurs territoires de 100 à 200 km de large environ.

(Raids et esclavage dans les sociétés autochtones du détroit de Behring / Jean Malaurie. in "Inter-Nord", n°13-14, décembre 1974. p.4.)

Pour moi l'utilisation de cette omniprésence de la violance sanglante n'est pas forcément la plus intéressantge en jeu comme je le disais précédement, néanmoins elle n'est pas forcément abérante et peut être justifiée d'un point de vue ethno / anthropo.

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Pour ce qui est de la non-violance des populations primitives sous prétexte qu'elles disposeraient de beaucoup d'espace et de peu de ressources, j'avais lu un article traitant des populations du détroit de Bering.

(Peut-être en ai-je déjà parler ici, je ne sais plus...)

Ca commence à dater (1974) mais reste très intéressant à mon avis.

(Raids et esclavage dans les sociétés autochtones du détroit de Behring / Jean Malaurie. in "Inter-Nord", n°13-14, décembre 1974. p.4.)

Pour moi l'utilisation de cette omniprésence de la violance sanglante n'est pas forcément la plus intéressantge en jeu comme je le disais précédement, néanmoins elle n'est pas forcément abérante et peut être justifiée d'un point de vue ethno / anthropo.

Ithiliavas

Merci pour cette référence.

Ca me rappelle des lectures (des textes d'A Testart ou d'un de ses "disciples", je ne sais plus) sur les amérindiens des côtes Pacifique (que ce soit en Amérique ou en Asie) qui effectivement étaient assez violents les uns avec les autres, et connaissaient également une hiérarchisation sociale forte (avec de véritables castes, dont une sorte d'aristocratie propriétaire des lieux de chasses et de stockage).

J'ai lu également à propos (lire directement l'étude est hors de ma portée considérant à quel point je n'y connais rien en matière de génétique) d'une étude génétique de 2016 sur des restes osseux qui mettrait en avant que les hommes de l'Aurignacien auraient bien été "évincés" par des groupes de culture gravettienne (ou assimilés? Les seconds ayant pu être beaucoup plus nombreux que les premiers... même "problème" qu'avec Néanderthal en fait).

Plus je lis sur cette période, plus je suis épaté par le niveau de documentation de ce jeu.

Sinon petite anecdote: j'ai vu la réplique de Lascaux récemment. Pour ceux qui n'y ont jamais été, c'est vraiment impressionnant. Si vous avez l'occasion, je recommande le détour, ça m'a tout de suite donné envie (entre autres) de me replonger dans Würm (même si la période n'est pas la même).

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Il y a en ce moment une visite 3D de Lascaux au prehistomuseum de flemalle en Belgique.

Ça vaut le détour !