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Personnaliser

Black Book Éditions, le site de référence des jeux de rôle

CASUS BELLI

L'interview de Maxime Chattam (CB#16) : les coupures 14/01/2016

par Marc S

Bonjour à tous,

À mon tour de me lancer dans un blog, chose que je n'ai jamais faite jusqu'ici. Mais ce nouveau site de Casus est l'occasion de m'y essayer. Et pour ce premier article, je ne peux résister à l'envie de remettre à disposition des morceaux choisis de l'interview de Maxime Chattam que j'ai eu le bonheur de réaliser en juin dernier, et que, sous les coups de fouets du Boss, j'ai dû me résoudre, la mort dans l'âme, à couper. Maxime est très bavard, et il a eu la gentillesse de me confier énormément de chose. Je verrais par la suite, si celà vous intéresse, si je peux sortir de la corbeille, d'autres extraits qui ont été coupés. Dans l'immédiat, voici trois questions-réponses que nous avions publiées sur l'ancien site de Black Book Editions, au moment de la sortie du Casus #16 dans lequel l'interview a été publiée.

 

CB : Tu as écrit une préface pour la nouvelle édition de Crimes. Tu n’as pas eu la tentation d’écrire pour ce jeu ? Que ce soit du scénario ou du background, vu tout le travail de préparation que tu as accompli pour pouvoir écrire Léviatemps.

MC : Il faudrait que je me replonge dedans, et ça me prendrait un temps fou de tout synthétiser etc. C’est un boulot monstrueux, je n’ai pas vraiment le temps pour ça. En fait, si je le faisais, ce serait autant de temps que je n’aurais pas pour faire moi-même des parties de jeu de rôle. Donc très égoïstement, je préfère m’éclater en jouant ! [rires].

Donc non, je ne me suis pas vu me lancer là-dedans, dans du background. La campagne que j’ai faite jouer pour pouvoir tester mes connaissances en vue d’écrire Léviatemps, je me suis dit que ça pourrait être vachement bien dans Crimes, s’ils acceptaient le côté fantastique, quand même très marqué sur la dernière partie. Je ne pense pas que ce soit un problème, parce qu’il y a une grosse partie d’investigation criminelle dans cette campagne, avec du background d’époque etc. Mais la remettre en forme, c’était un boulot colossal ! Il y a des passages entiers qui sont constitués de tas de notes. J’avais aussi sélectionné des musiques, des photos des PNJ... C’est sûr que si j’y consacrais quelques semaines, je pourrais écrire un truc super fun, mais c’est un boulot monstrueux !

[...]

CB : Tu parlais de musique d’ambiance. Est-ce que tu joues en musique ?

MC : En fait, je suis un fan de musique de films. J’écris avec des musiques de film !

CB : Oui, c’est vrai que dans chacun de tes romans, tu indiques les musiques qui t’ont accompagné durant l’écriture, et que tu conseilles pendant la lecture.

MC : Oui, j’achète beaucoup de musiques de film, je dois en avoir 700 ou 800 en CD, plus toutes celles que je télécharge sur iTunes… Comme je passe au moins 8h par jour dans mon bureau, j’écoute de la musique quasiment 8h par jour. J’ai donc le temps d’entendre plein de choses. Du coup, quand je prépare un scénar, à la fin, je détermine les musiques que je vais pouvoir utiliser. Pour chaque scène, je les note, en marge. Et je prévois l’improvisation. Pour ça, j’ai devant moi, derrière l’écran, pour chaque type de jeu de rôle, des feuilles sur lesquelles j’ai listés des musiques.

J’ai laissé la table de jeu en l’état suite à ma dernière partie de Pathfinder. Si tu regardes là, il doit y avoir 20 albums différents de listés, et pour chaque album, j’ai indiqué à quelle ambiance correspondait chaque plage. Ce qui me permet d’improviser : si d’un coup, je sens que j’ai besoin d’une musique pour une auberge, je sais d’un coup d’œil que je peux utiliser la plage 14 de tel album. Et boum, je mets la plage 14 en repeat. J’ai donc de quoi faire avec à peu près 300 morceaux sous les yeux, dans des genres et des ambiances différents. Et après, sur iTunes, j’ai aussi des listes de lecture en fonction des jeux de rôle. J’en ai pour Pathfinder, pour Cthulhu... J’ai aussi fait des listes par ambiance. Par exemple, en médiéval fantastique, je vais avoir une liste de lecture plutôt « auberge » ou « voyage »… C’est vraiment des morceaux d’atmosphère.

Par contre, je ne te mettrai jamais, même si c’est une musique que j’aime écouter, Dark Ambient ou du Metal. J’ai vu des MJ mettre des groupes un peu glauques pour du Cthulhu. Ou à Pathfinder, dans les Offrandes calcinées, avec une ambiance un peu Ravenloft, ils vont te mettre des musiques un peu Metal, guttural... Il y a de la batterie, de la guitare, un mec qui beugle... [rires] Pour peu que tu parles anglais, de temps en temps, tu comprends ce qu’il dit, du coup, ça te sort de l’ambiance. Donc non, ça, j’avoue que je n’y arrive pas du tout.

Par contre, j’utilise beaucoup la musique de jeux vidéo. Là, pour Pathfinder, je me sers de 2-3 musiques de jeu dont Witcher 3, dont le CD est pas mal. Pour Cthulhu, je me sers de la musique de pas mal de jeux horrifiques : Silent Hill... L’avantage du jeu vidéo, c’est qu’ils sont obligés d’avoir des musiques dont l’amplitude est à peu près restreinte. Contrairement aux BO de films, les BO de jeux vidéo sont à peu près homogènes. C’est pratique !

[...]

CB : Pour finir, que penses-tu des crowdfundings ?

MC : En gros, je n’y vois que des avantages ! Moi, je suis 100% pour. Quand je vois les mecs sur les forums qui s’emballent, qui s’en prennent aux éditeurs, j’ai envie de leur dire : « Hé oh, keep cool ! On parle d’édition de jeux de rôle. De jeux de rôle ! C’est à dire d’une niche économique. Donc des éditeurs qui, dès qu’ils tentent un nouveau jeu de rôle, prennent un pari économique qui, très souvent peut leur coûter leur vie financière. Donc je trouve que le crowdfunding c’est une bonne formule pour limiter les risques financiers et ajuster le produit à la clientèle.

Et puis il y a le fait que plus un crowdfunding marche, plus on gagne tous. Puisque plus ça marche, plus le consommateur va avoir de bouquins, de goodies, de trucs... En général, le bon rôliste qui se respecte aime le goodie !!! [rire] J’en fais partie !!!

CB : Est-ce que du coup, ça ne risque pas - parce que ça, c’est un argument qui est avancé par certains – est-ce que ça ne va pas pervertir le principe du crowdfunding ? On l’a vu sur L’Appel de Cthulhu, il y a plein de goodies, plein de trucs supers, et du coup, lors du crowdfunding suivant, il y en a par exemple, qui ont trouvé que le crowdfunding de BBE pour Numenéra n’était pas intéressant, parce qu’il y avait moins de « bonus ». Du coup, ça peut être un effet pervers, non ?

MC : Noon ! Je pense qu’il y a un moment où il faut arrêter de se comporter comme des gamins pourris gâtés. Il faut juste reprendre les choses telles qu’elles sont. C’est à dire qu’on ne compare pas un Numenéra et un Appel de Cthulhu ! Numenéra, c’est un moyen de tenter un jeu de rôle qui intéressera peut-être de gens. La preuve puisque c’est financé ! Après, ça n’a pas soulevé autant de monde et autant d’argent – on parle quand même de 70.000 euros face à 400.000 ! – donc on ne peut pas demander à avoir les mêmes choses ! Et puis après, encore une fois, ce n’est pas le même marché. L’Appel de Cthulhu, c’est un énorme marché, il y a énormément de monde, donc ils ont pu rajouter des trucs. Après, il ne faut pas oublier que l’éditeur doit pouvoir quand même se faire de l’argent, pour pouvoir payer ses salaires, les traductions, la maquette, et pouvoir investir sur la suite.

Le JdR, ça reste industrie fragile et limitée. On ne parle pas de mecs qui roulent en Porsche ou en Ferrari, et je suis sûr que les responsables de BBE et de Sans Détour, qui sont parmi les plus gros éditeurs, ne passent pas leurs journées à boire des cocktails au bord d’une piscine dans les Maldives ! Ce sont des passionnés avant tout. S’ils gagnent de l’argent avec le JdR, tant mieux, c’est mérité parce qu’ils ont pris un risque ! Mais après, c’est pas des grosses boîtes ! Ils n’ont pas beaucoup d’argent à investir, et s’ils se plantent, ça peut leur coûter leur carrière et couler leur boite. Donc déjà, faut arrêter avec ce mythe.

Après, on peut se demander pourquoi Sans Détour fait L’Appel de Cthulhu. D’abord, parce que financièrement, c’est quand même mieux pour eux de faire un truc qui n’est pas risqué. Et certes, L’Appel de Cthulhu, ce n’était pas risqué, mais il n’y a que des avantages ! Avantage pour eux : ils préfinancent tous les investissements qu’ils ont à faire : achat de licence, de traduction, de maquette, de fabrication… Et puis ça leur permet de voir venir le marché en précommande, ils savent combien ils vont en tirer. En contrepartie, ils rajoutent des produits aux financeurs. Et donc finalement, nous, en tant que rôlistes, on y gagne : on se met à gagner des tas d’objets, des dés, des crayons… C’est des conneries, mais des bouquins en plus, des illustrations… C’est génial ! Si Sans Détour n’avait pas fait le crowdfunding, et avait décidé de faire l’édition de façon plus classique, ils auraient sorti des bouquins plus classiques en se basant sur leurs ventes passées, point barre. Là, aujourd’hui, on va tout avoir, en très peu de temps. Beaucoup plus que prévu, dans une belle qualité. On a tout gagné !

Côté BBE, si les campagnes Pathfinder sont toutes financées par crowdfunding, très bien ! Comme ça, l’éditeur ne prend pas de risque et peut éditer les campagnes qui jusque-là n’étaient pas rentables et menacées d’extinction ! Et en plus, les produits y gagnent en qualité et les financeurs gagnent également des bonus. Là, sur Le Conseil des voleurs, il va y avoir l’étui, les cartes, l’option des livrets de théâtre, le tout dans un beau coffret, avec en plus un signet, les cartes… C’est cool ! Et c’est mieux que la campagne toute con avec juste son bouquin, quoi ! En plus, il y a une version collector pour les fans qui aiment bien ce genre de truc, qui ne serait pas sortie avec une édition traditionnelle. Bref ! J’ai envie de dire : « Quel est l’inconvénient ?! »

Je ne vois aucun inconvénient majeur à ce système ! Après, il y a des délais, OK ! Mais ça fait partie du marché. Qu’un éditeur ait du délai sur un crowfunding, ce n’est pas grave ! La seule chose que l’éditeur doit aux gens qui ont participé, c’est de la com’. Si un éditeur communique régulièrement, sans nécessairement rentrer dans tout le détail, mais juste pour s’expliquer, en disant éventuellement qu’il y a des complications, qu’il s’excuse… J’ai participé au crowdfunding de Pavillon Noir, il y a un an et demi ; on n’a rien reçu encore, ça ne me pose aucun problème ! Aucun ! Parce que BBE a communiqué en expliquant les raisons du retard. Pas de problème ! On comprend ! Ca se fera un jour. De toute façon, je ne suis pas pressé, il y a tellement d’autres trucs qui sortent !

En plus, ils ont eu l’intelligence de comprendre leurs erreurs, ce qui fait que maintenant, ils lancent un crowdfunding quand ils ont déjà fini la traduction et quand ils en sont à la maquette. Ce qui est hyper malin de leur part, ça prouve qu’ils sont pro, qu’ils apprennent de leurs erreurs. Ils communiquent pas mal, je trouve, sur leurs trucs. C’est tout ce que je demande, moi.

Après, il ne faut pas non plus abuser. Par exemple, j’ai participé au premier crowdfunding pour Les ombres d’Esteren. J’y ai vu un monde d’heroic fantasy avec un background plutôt attirant. Et à l’époque, ils annonçaient un livre des secrets, ce qui laissait imaginer un univers riche et des choses intéressantes. Je me suis dit que ça valait le coup. En cours de route, on nous annonce que finalement, la campagne va être plus grosse prévu et qu’il faudra plus de temps pour la sortir. À partir du moment où les choses ont été expliquées, pas de problème pour moi ! Là où j’ai tiqué, c’est qu’ils ont alors annoncé un nouveau crowdfunfing pour la suite, alors que tout le matos du premier n’était pas encore livré. Sans parler du fait que le fameux bouquin des secrets, qui pour moi est le truc fondamental du jeu, n’avait lui non plus pas été sorti. Lancer un nouveau crowdfunding alors que le premier n’était pas fini et que le livre des secrets n’avait pas non plus été sorti, je n’ai pas trouvé ça normal. Du coup, j’ai lâché ce jeu, parce que pour moi, c’est tout ce qu’il ne faut pas faire dans un crowdfunding ! Je trouve qu’ils ont mal géré leur histoire !

Marc S
le 16/01/2016 à 11h23
Effectivement, Maxime est quelqu'un de très chaleureux et sympathique. Et pour ce qui est de ces romans, je ne peux qu'encourager à aller les lire. Il y a de la fantasy, bien sûr, avec Autre Monde, mais aussi du polar et du thriller contemporain, sans parler de l'investigation avec une connotation occulte avec son Dyptique du temps, excellente source d'inspiration pour Crimes et l'AdC. A découvrir impérativement pour tout ceux qui ne connaissent pas encore !
Diego
le 15/01/2016 à 10h55
Un gars sympa ce Chattam, je crois bien que je vais aller lire un de ses bouquins, pour changer un peu de style ;-)
Morkem
le 14/01/2016 à 16h23
Top ! Hyper instructif :)
 
Damz
le 14/01/2016 à 14h32
Merci Marc pour ce récap !
LeoDanto
le 14/01/2016 à 10h06
Là je suis content!
J'étais vraiment attristé sur l'ancien site de ne pas avoir accès à l'intégralité de l'interview passé quelques semaines. Chose réparée maintenant et durablement :)
trickytophe
le 14/01/2016 à 09h31
J'aime bien lire du Chattam. Son écriture est moderne et dynamique. Son approche de la violence est bien pensée et très en phase avec notre société. Après, j'ai même un temps conçu des idées d'aventures et même un scénar d'intro en lien avec sa saga Autre Monde.
Trickytophe
ellyrion
le 14/01/2016 à 01h04
J'ai lu quelques bouquins de M. Chattam et j'avoue que ça se lit bien et sa passion du JDR fait plaisir à voir.
 
On veut les listes de morceaux d'ambiance !

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