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Black Book Éditions, le site de référence des jeux de rôle

Interview de Nicolas Cluzeau 17/11/2010

La Ronde des vies éternelles est le premier des quatre tomes d'un cycle de fantasy, le Dit de Cythèle, dont l'univers a été créé par l'auteur pour ses propres parties de jeu de rôle. Pour vous donner envie de vous plonger dans le monde de Nicolas Cluzeau, voici une interview peaufinée par notre responsable roman.

Interview Nicolas Cluzeau

"Le jeu de rôle m'a appris la discipline et la création"

BBE : Quels sont les éléments qui ont changé par rapport à la précédente édition ? Qu’as-tu réécrit ? Quel regard portes-tu sur ce roman ?

Nicolas Cluzeau : À part l’ajout de noms de chapitres, nous avons repris – la directrice de collection et moi – le texte et l’avons allégé un peu, mais sans toucher à la dimension lyrique qui en faisait son charme à l’écriture et à la lecture. Un chapitre a aussi été ajouté vers le début, pour expliquer certaines petites choses qui manquaient dans la première édition et que je considérai à l’époque comme allant de soi. Avec du recul et dix ans d’expérience en écriture en plus, je me suis dit que ce nouveau chapitre allait enrichir l’introduction à l’histoire plutôt que l’alourdir. Le regard que je porte sur La Ronde des vies éternelles est très mitigé : écrit dans une période plutôt noire de ma vie, j’y ai mis beaucoup des blessures de mon âme – c’est du moins ce que je pense en lisant les critiques de l’époque – et les ai mélangées à un texte où mystères, énigmes et drames s’interpénètrent pour donner un roman, je crois, exigeant mais riche en interprétations.

BBE : Tes romans appartiennent à de nombreux genres (fantasy, polar, historique, etc.) Ici, tu mêles tragédie, horreur et heroic fantasy, que tu fusionnes parfaitement. Ce mélange est-elle une volonté consciente, es-tu plus à l’aise dans l’hybridation ?

Nicolas Cluzeau : Je suis totalement à l’aise dans l’hybridation, même si je n’aime pas trop poser des étiquettes sur les genres. Je pense que cette volonté de tout mélanger vient de la découverte quasi simultanée que j’ai faites de Arthur Conan Doyle, J.R.R. Tolkien, Tanith Lee et Jack Vance. Histoire, mystères de toutes sortes, fantasy de haute volée, récits épiques, humour et mélanges sucrés salés sont ce que j’aime lire à différents niveaux de plaisir personnel. Et en écrivant, le mélange de toute cette richesse se fait assez naturellement chez moi. Je suis aussi un grand joueur devant l’Éternel, que ce soit jeux de rôle, jeux de plateau, wargames et jeux vidéo. Je considère le Multivers dont j’ai tracé les grandes lignes comme un grand fourre-tout qui garde sa propre cohérence – car créé pour être le cadre de grandes campagnes de jeu de rôle.

BBE : Quelle est la part de l’influence du jeu de rôle dans tes romans ? (comme matière brute mais aussi média interactif ?) Tu es par exemple très précis avec la magie, qui devient une véritable science précise, avec les dénominations exactes des sorts.

Nicolas Cluzeau : Le jeu de rôle a eu une très grande influence, bien sûr, dans ma manière d’aborder la littérature. Pas dans le sens que je me sens obligé de décrire tout à la manière d’un maître de jeu, non, bien sûr. En fait, le jeu de rôle m’a appris la discipline et à la création : ne pas écrire de scénario dont les joueurs pourraient penser qu’il est superficiel ou rempli de clichés, ou peu cohérent, ne pas créer de personnages creux pour interagir avec les joueurs, mais leur faire rencontrer des caractères haut en couleur ou subtils, soit qu’ils aient eux-mêmes leur propre motivation dans le scénario, soit que le scénario tourne autour d’eux. Pour ce qui est de la magie très précise, c’est à la fois hérité du jeu de rôle, mais aussi de l’envie que j’avais depuis adolescent d’écrire de la science-fiction sans en avoir les connaissances nécessaires. Je fais donc fonctionner mon Multivers avec une « énergie universelle », la magie, qui sert à tout, comme pourrait servir à tout le pétrole, l’énergie atomique, le gaz, etc. Et comme pour toute ressource, celle-ci s’épuise si on s’en sert trop. Ce qui est un des ressorts dramatiques du Souffle du dragon, quatrième tome du Dit de Cythèle, mais qui peut aussi se ressentir à divers moments du cycle.

BBE : D’après toi, qu’est-ce qui différence Le Dit de Cythèle de n’importe quel autre cycle de fantasy ? Quelles règles cherches-tu à contourner, à briser ? Pourquoi ce cadre particulier t’a-t-il paru approprié pour aborder des thèmes comme la réincarnation, la vie après la mort, les différentes dimensions ?

Nicolas Cluzeau : Il serait très pédant de vouloir dire que j’ai voulu contourner les règles des cycles de fantasy avec Le Dit de Cythèle. J’ai juste eu envie, en prenant exemple sur ma vie et mon expérience, de créer une histoire dramatique tournant autour d’une famille maudite à travers les siècles. J’y ai inclus mes éléments personnels, comme le Multivers gaïen et la Trinité des mondes Titaniques. Je pense que leurs développements dans le cycle permettent de voyager, de se dépayser, de découvrir des cultures différentes – influencées par celles de notre monde ou inventées mais cohérentes – de suivre une histoire aux répercussions tragiques sur plusieurs mondes, et ceci à cause de l’obsession d’un personnage et de la quête que ce personnage s’est mis en tête d’accomplir. Il est vrai que je ne suis pas du tout les règles établies de la fantasy : un puissant objet magique genre épée ou anneau, non, pas vraiment, un élu qui commence à l’enfance et devient roi du monde en tuant tous ses ennemis à un contre mille, non plus. Mes personnages ont déjà vécu, s’en sont pris plein la tronche, ont des motivations peu altruistes et n’hésitent pas, pour certains, à écraser ceux qui se dressent sur leur passage, mais ils le font souvent avec un humour noir qu’il me plaît de mettre en scène.

BBE : Dans La Ronde des vies éternelles, l’épaisseur des personnages constitue la véritable matière narrative, puisque l’intrigue se tisse autour de ce qu’ils sont et de ce qu’ils ont été. Sont-ils inspirés de personnes réelles, ou au contraire de mythes, de protagonistes de jeux de rôle ? Les deux influences étant certainement présentes, laquelle aurait le plus de prégnance sur l’autre ?

Nicolas Cluzeau : Franchement, je crois que c’est un peu de tout ça. Certains des personnages ressemblent, dans leur caractère comme dans leur physique, à des joueurs qui m’ont suivi durant des années, ou à des membres de ma famille ou des amis, mais je crois plutôt que c’est un mélange de tout ça et de ma volonté de vouloir mettre en scène des personnages forts, ou faibles, mesquins ou courageux, terrifiants ou au contraire apaisants. Chacun a, cependant, des faiblesses, des moments de gloire ou d’abattement. Comme dans la vie, mais agrémenté du lyrisme de la fantasy et la science-fantasy. Au fond, je peux bien l’avouer, je pense sincèrement que chaque personnage mis en scène dans un livre ou une nouvelle sort directement du caractère inconscient de l’auteur. Chaque personnage, bon ou mauvais, magnifique ou veule, est une facette de la personnalité de l’écrivain, qui entre en conflit avec lui-même ou n’ose pas l’exposer dans sa vie de tous les jours. Mais chut, hein, ne le répétez pas !

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